HERMANN
Le jeune HERMANN Huppen, bien qu’il ait suivi des cours de dessin à l’Académie des Beaux-Arts, ne se destine pas encore à la bande dessinée. Étonnamment, c’est son mariage en 1964 avec Adeline qui le rapproche de la bd car son beau-frère, Philippe Vandooren, futur directeur éditorial de Dupuis, dirige alors une revue scoute à laquelle Hermann livre sa première histoire. Hermann travaille à l’époque à mi-temps pour un architecte, et dessine l’après-midi. Il se fait la main en réalisant essentiellement des courts récits didactiques dont une Histoire de l’oncle Paul, « Livreuse d’avions », est publiée dans le Spirou en janvier 1965. Remarqué par Greg, le jeune Hermann est engagé tout d’abord pour un essai de six mois dans le studio du maître. Après une première série refusée pour la magazine Pilote, Valéry Valériane, Greg écrit pour le Lombard, à partir de 1966, la série qui établit d’emblée le talent incontestable d’Hermann dans la veine réaliste : Bernard Prince. Entretemps, Hermann poursuit encore la réalisation de quelques « histoires vraies » pour le journal Tintin.
Après un détour par Jugurtha (histoire d’un prince Numide combattant contre l’envahisseur romain) dont il dessine les deux premiers albums, Hermann entreprend une nouvelle série avec Greg, le western Comanche dont la publication commence en décembre 1969.
En 1977, Hermann ressent l’envie de créer sa propre histoire. Greg émet des doutes quant à ses capacités de scénariste, malgré quelques histoires courtes de Bernard Prince qu’il avait déjà écrites seul. Hermann le prend au mot et se lance dans sa première série solo, Jeremiah. Elle est publiée par un éditeur Allemand : « Koralle. » Il abandonne Bernard Prince qui est repris par Dany. Les deux hommes sont quelque peu en froid. Quelques années plus tard, Greg lui avouera s’être trompé sur son compte.
En 1982, il réalise « La Cage » et la même année, il abandonne la série Comanche qui sera reprise plus tard par Rouge. En 1984 Il s’écarte momentanément des thèmes post-atomiques de Jeremiah pour créer « Les Tours de Bois-Maury », une fresque médiévale où son réalisme appliqué à une époque révolue fait merveille. Ce qui ne devait être qu’un album isolé devient une seconde série qu’il mènera de front avec Jeremiah, alternant un album de l’un puis un album de l’autre.
Exigeant, curieux, bosseur, Hermann ne s’accorde aucune facilité. Enclin à placer la barre toujours plus haut, il signe en 1991 son premier "one shot" : « Missié Vandisandi », qui est suivi en 1995 par le cri de révolte « Sarajevo-Tango », un album réalisé en couleurs directes dont la teneur historique et sociale lui vaut de recevoir le Prix Oesterheld, du nom de ce célèbre scénariste argentin tragiquement disparu en 1977.Hermann est sans conteste un des plus grands maîtres de la Bande Dessinée réaliste depuis 30 ans. S’il n’est pas un dessinateur académique, il est beaucoup plus que cela car son trait ses postures de personnages transcendent la réalité à travers un style unique et inimitable.
Si vous recherchez une illustration ou une planche originale dans l'oeuvre de l'auteur, vous pouvez nous contacter la Galerie Napoleon par mail ou par téléphone au 00 33 (0)1 44 61 11 10.